Même si nous souhaitons être indépendant(e)s et autonomes, nous ne pouvons pas toujours tout faire tout seul. L’aide, l’assistance, le secours d’autrui est parfois utile et opportun, et cela dans toutes nos relations, que ce soit au sein de notre couple ou avec les membres de notre famille, avec nos amis, nos collègues, ….Un obstacle majeur que rencontrent certains individus dans l’apprentissage de la communication adéquate réside dans la difficulté à demander. Cette situation est très handicapante dans la mesure où nos désirs ou nos besoins ont moins de chance d’être réalisés si nous ne les exprimons pas ouvertement. De même, des demandes non ou mal formulées découlent des non-dits et des tensions dans les relations de couple comme avec l'entourage.
SOMMAIRE
La peur du rejet.
Derrière les raisons alléguées pour ne pas formuler nos demandes, se cache une peur que nous ne voulons pas avouer : celle du rejet. Cette peur ultime est la grande responsable de nos abstentions.
En effet, pour de nombreuses personnes, recevoir une réponse négative concrétise leur angoisse : elles ont, pensent-elles alors, la preuve qu’on les rejette.
Or, si la formulation d'une demande est un acte a priori banal, elle doit éviter de tomber dans deux travers : devenir une exigence sans refus possible, ou alors devenir manipulatoire, donc peu respectueuse de la relation avec l'autre. Ainsi, une demande n'est ni un ordre ni une exigence : elle offre toujours à notre interlocuteur l'opportunité de répondre oui ou non. Par respect pour l'autre, nous devons aussi pouvoir accepter son refus.
La dédramatisation du refus.
Il est intéressant de vérifier les croyances erronées que nous entretenons face à un NON. Ainsi, même si nous recevons une réponse négative à une demande, pouvons-nous en conclure de façon certaine que les personnes qui refusent ne nous apprécient pas et nous rejettent ?
Ne peuvent-elles avoir d’autres raisons plus ou moins valables, à nos yeux, de refuser ? Ne serait-il pas possible qu’elles n’expriment ainsi qu’une préférence à faire autre chose ? Même si elles rejettent notre demande à ce moment précis cela signifie-t-il qu’elles nous rejettent, nous ?
Et même s’il s’avérait que le motif véritable de leur refus soit le peu d’appréciation qu’elles nous portent, demandons-nous alors si nous avons absolument besoin de celles-ci pour être heureux. Si nous sommes surpris et déçu du peu d’importance que ces personnes attachent à notre relation, nous savons maintenant à quoi nous en tenir. Nous n’allons pas pour autant en conclure que si elles nous apprécient si peu cela prouve que nous sommes un individu de peu de valeur. Qu’ils nous aiment, nous apprécient ou non, ne change en rien notre valeur personnelle.
Plutôt que de perdre du temps à nous dévaloriser, il serait plus utile pour nous, devant la rebuffade que nous devons essuyer, de tenter notre chance auprès d’autres personnes.
Nous n’avons rien à perdre et tout à gagner.
Ainsi, en dédramatisant la perspective d’un refus, nous nous risquerons à demander, et la répétition de cette démarche nous amènera à le faire avec de plus en plus d’aisance.
Les critères d'une demande acceptable.
L'approche de la communication non-violente de Marshall Rosenberg définit six critères auxquels une demande doit répondre pour s'assurer qu'elle est recevable par notre interlocuteur et qu'elle permet ainsi d'obtenir plus aisément une réponse positive.
la demande doit être réalisable: elle doit pouvoir être mise en oeuvre compte tenu des circonstances et des capacités de la personne.
la demande doit être formulée positivement: il s'agit de demander ce que nous voulons et pas ce que nous ne voulons pas.
la demande doit être spécifique: elle doit être descriptive et la plus précise possible.
la demande doit être immédiate: elle doit pouvoir être mise en oeuvre dans un délai court (pour éviter qu'on ne l'oublie).
la demande doit être active: elle doit préciser ce que nous voulons que la personne fasse (action) et pas ce qu'elle doit être.
la demande doit être négociable: la demande offre à la personne le choix de répondre oui ou non.
Une demande qui respecte ces critères a plus de chance de se voir satisfaite, et par-là même de satisfaire nos besoins.
La méthode pour formuler une demande.
Je vous propose de suivre les étapes suivantes pour formuler une demande de manière suffisamment persuasive, pour inciter votre interlocuteur (conjoint, ami, membre de la famille, collègue,...) à répondre favorablement, mais aussi pour le motiver à l'action.
Savoir ce que vous voulez exactement en formulant des demandes claires et brèves. Évitez de "tourner autour du pot", de vous perdre en palabres avant d'oser aborder le sujet, au risque d'agacer l'autre. Au contraire, allez droit au but. Et expliquez la raison de votre demande, mais sans avoir l’air de vous excuser ou de quémander.
Utiliser le "Je". Pour recueillir l'attention de votre interlocuteur, impliquez le directement par une formule du type: "J'ai une demande à te faire" ou "J'ai besoin de toi pour…".
Transmettez dès le début un message de compréhension ou rappelez une action du passé que vous avez appréciée ;
Anticipez les objections potentielles de votre interlocuteur pour lui montrer que vous avez intégré ses contraintes au moment de lui adresser la demande: "Je sais que tu as... (contrainte)."
Accompagnez votre demande d'une explication concernant les enjeux de la situation pour vous-même, ce que vous risquez ou au contraire ce que vous pensez gagner: "C'est important pour moi parce que ça va me permettre de..."
Demandez de façon persistante, mais patiente, sans crier ni vous fâcher ;
Utilisez l’affirmation progressive : "J’aimerais, j’apprécierais… je veux… je tiens à…" ;
Écoutez la réponse, acceptez la décision de votre interlocuteur et, quelle qu'elle soit, remerciez le (au moins de vous avoir accordé son écoute).
Exemples de situations et de formulations :
- « J’ai apprécié que tu ranges ta chambre hier (rappel d’une action adéquate) ; j’aimerais que tu ranges tes tiroirs cette semaine (clair, bref, précis) ».
- « Je sais que tu as beaucoup de travail et tu rentres fatigué du bureau (compréhension), mais j’apprécierais que tu participes aux corvées domestiques.
Par exemple, j’aimerais que tu essuies la vaisselle et que tu m’aides à ranger la cuisine. Cela nous permettrait de profiter un peu plus de la soirée ensemble (explication). »
- « J’aime ta façon de discuter (message d’appréciation). Or, je suis seul pour la pause de midi. Accepterais-tu de déjeuner avec moi ? Nous pourrions bavarder. »
Rappelez-vous toujours qu'une demande n'est ni un ordre ni une exigence : elle offre à votre interlocuteur l'opportunité de répondre non. Vous devez donc pouvoir accepter ce refus et même le faire avec empathie: "Je comprends que tu sois submergé et que tu n'aies pas de temps à m'accorder."
Si la réponse s’avère négative, il appartiendra à chacun de décider s'il souhaite réitérer sa demande ultérieurement. L'interlocuteur peut refuser parce qu’il a un autre engagement, mais aussi parce qu’il n’est pas intéressé. A chacun d’y voir clair.
Attention cependant, lorsque l'on essuie un refus, la tentation peut être grande d'insister, notamment quand l'enjeu est fort pour soi. Évitez alors les recours au chantage affectif ("X, lui au moins est solidaire et m'aurait aidé(e) !") ou à la culpabilisation ("Si je me retrouve en difficulté ça sera de ta faute").
Si vous voulez insister, reformulez les enjeux de votre demande pour faire ressortir les conséquences positives ou négatives sur vous.
Et, si vous êtes capable d'accepter un refus, vous devez aussi pouvoir entendre un "oui mais". Votre interlocuteur peut-être disposé à donner suite à votre demande, mais il y met une condition. Soyez ouvert à la discussion et recherchez un compromis acceptable. Il y a souvent plusieurs manières différentes d'atteindre un objectif.
Lors des entretiens de thérapie individuelle, de coaching personnel ou de thérapie de couple, je vous aide et vous guide pour décoder les obstacles qui vous entravent (croyances, peur, sentiment de rejet,...) dans vos relations avec votre conjoint ou partenaire ou avec autrui de manière plus générale. Ensemble, nous développons les techniques qui vous permettent de passer ce cap et à sortir des sentiments négatifs qui vous animent.